Synopsis:
LETTRE XVII LE CHEVALIER DANCENY A CECILE VOLANGES Avant de me livrer, Mademoiselle, dirai−je au plaisir ou au besoin de vous écrire, je commence par vous supplier de m'entendre. Je sens que pour oser vous déclarer mes sentiments, j'ai besoin d'indulgence ; si je ne voulais que les justifier, elle me serait inutile. Que vais−je faire après tout que vous montrer mon ouvrage ? Et qu'ai−je à vous dire, que mes regards, mon embarras, ma conduite et même mon silence ne vous aient dit avant moi ? Eh ! pourquoi vous fâcheriez−vous d'un sentiment que vous avez fait naître ? Emané de vous, sans doute il est digne de vous être offert ; s'il est brûlant comme mon âme, il est pur comme la vôtre. Serait−ce un crime d'avoir su apprécier votre charmante figure, vos talents séducteurs, vos grâces enchanteresses, et cette touchante candeur qui ajoute un prix inestimable à des qualités déjà si précieuses ? non, sans doute ; mais, sans être coupable, ou peut être malheureux ; et c'est le sort qui m'attend, si vous refusez d'agréer mon hommage. C'est le premier que mon coeur ait offert. Sans vous je serais encore, non pas heureux, mais tranquille. Je vous ai vue ; le repos a fui loin de moi, et mon bonheur est incertain. Cependant vous vous étonnez de ma tristesse ; vous m'en demandez la cause : quelquefois même j'ai cru voir qu'elle vous affligeait. Ah ! dites un mot, et ma félicité sera votre ouvrage. Mais, avant de prononcer, songez qu'un mot peut aussi combler mon malheur. Soyez donc l'arbitre de ma destinée. Par vous je vais être éternellement heureux ou malheureux. En quelles mains plus chères puis−je remettre un intérêt plus grand ? Je finirai, comme j'ai commencé, par implorer votre indulgence. Je vous ai demandé de m'entendre ; j'oserai plus ; je vous prierai de me répondre. Le refuser, serait me laisser croire que vous vous trouvez offensée, et mon coeur m'est garant que mon respect égale mon amour. P−S. Vous pouvez vous servir, pour me répondre, du même moyen dont je me sers pour vous faire parvenir cette Lettre ; il me paraît également sûr et commode. De ..., ce 18 août 17**
About the Author:
Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos (1741-1803) was born in Amiens, France. He entered the army at the age of 18 and reached the rank of capitaine-commandant without seeing battle. In 1779 he was sent to the island of Aix, where Les Liaisons Dangereuses was written. He also wrote a treatise on the education of women and on the French military architect Vauban.
"About this title" may belong to another edition of this title.