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In-4° broché, 6 pages. Exemplaire dérelié, mais de belle facture. La libéralisation du commerce des grains sous l'Ancien Régime fut décrétée par un édit de Turgot en 1774 sous l'influence des physiocrates. Elle fut de courte durée, notamment en raison de la guerre des farines, une série d'émeutes qui conduisirent Turgot à rétablir le contrôle des prix du grain, tandis que les classes populaires dénonçaient un « pacte de famine » passé entre le roi Louis XVI et les spéculateurs ou autres « accapareurs ». Il s'agit là des premières tentatives de libéralisation de l'économie française. En supprimant les prix fixes, en augmentant la concurrence et en supprimant les privilèges commerciaux, Turgot pensait faire baisser les prix du commerce des grains tout en encourageant leur circulation. Toutefois, cette tentative se heurta aux manoeuvres des spéculateurs, aux mauvaises récoltes, aux attaques politiques et au mécontentement populaire. L'augmentation immédiate du prix du grain se répercutait en effet sur celui du pain, principale source d'alimentation de la paysannerie et, en général, de la population. Les propriétaires des grains, désormais libres d'attendre les cours les plus hauts, spéculèrent en stockant les blés, voire en les achetant dans des régions de bonnes récoltes pour les vendre dans les régions où les profits pouvaient être plus importants. Au cours des années 1760, Le Prévost de Beaumont inventa l'expression de « pacte de famine » ou « Complot de famine », persuadé que sous couvert de libéralisation du commerce des grains se cachaient de scandaleuses spéculations, au profit de spéculateurs alliés à certains notables, voire au roi lui-même et à ses ministres. L'expression fut vite reprise. Cette tentative de libéralisation coïncida avec de mauvaises récoltes : les prix, désormais libres, s'élevèrent. Les plus pauvres ne pouvaient plus se nourrir. Le pacte implicite entre roi et population, qui exigeait du roi de veiller à la sécurité de ses sujets et à leur approvisionnement en denrées, fut rompu. Une grande agitation s'ensuivit et la tentative dut prendre fin : des prix fixés par le roi furent rétablis. Cette thèse d'une conspiration royauté-spéculateurs libéraux sera également reprise lors de la Révolution. C'est à ces accapareurs théoriques que l'on attribua les cruelles famines qui désolèrent la France à différentes époques, notamment dans les années 1767-1769, 1775-1778, 1788-1789. La Révolution, en faisant disparaître l'Ancien Régime, fit disparaître la rumeur. La Convention adopta en 1793 une loi interdisant la spéculation sur les denrées essentielles. À la suite de cette affaire, l'avocat Le Prévost de Beaumont, qui avait dénoncé en 1768 au Parlement de Normandie la constitution d'un monopole de fait et l'enrichissement de hauts fonctionnaires, fut, quant à lui, emprisonné pendant 22 ans à la Bastille et dans d'autres prisons et ne fut libéré que sous la Révolution. La tentative de libéralisation du commerce des grains de Turgot, par un édit du 13 septembre 1774 peu à peu complété par d'autres arrêts, suspendait certains droits ou privilèges. La liberté du commerce des grains devint quasi complète à l'intérieur du royaume, et il était en projet d'établir la même liberté avec l'extérieur du royaume. Sous la pression du gouvernement britannique qui, selon le ministre des Affaires étrangères Montmorin et le comte de La Luzerne, son ambassadeur à Londres, cherchait à fomenter des troubles en France, le duc d'Orléans fit procéder à d'importants achats spéculatifs de blé qui, avec la disette de 1789, déclenchèrent les premières émeutes et particulièrement les journées des 5 et 6 octobre 1789. Dans cette affaire, le gouvernement de William Pitt le Jeune joua un rôle essentiel puisque l'on sait aujourd'hui que c'est la banque britannique Turnbull et Forbes qui solda au nom du gouvernement britannique, auprès de la Municipalité de Paris, les acquisitions de blé à destination de l'Angleterre. Seller Inventory # oli2722
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