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IL PLEUT SUR ANTANANARIVO D?élections en désillusions, la capitale saturée de silences et d?embouteillages vit au rythme de ses misères et de ses désirs. Le Palais de la Reine, symbole du pouvoir des malgaches sur leur pays depuis longtemps (même si certains y verront plutôt l?image du pouvoir merina sur le reste des peuples de l?île) a été incendié en 1996. Il domine pourtant toujours la ville, entier dans son symbole et dans son enveloppe, totalement vide de planchers et cloisons, couvert de toitures provisoires en tôle qui reflètent le ciel : une image paradoxale d?une modernité presque parfaite que seul un travail artistique minimal sur les lumières et les matières pourrait doucement compléter. Les symboles n?ont pas besoin d?être habités ou piétinés ; leur puissance est d?autant plus forte qu?ils ne donnent à voir que des images. Et puis ce palais d?architecture éclectique européenne qui ne force pas l?admiration, construit par un architecte français au siècle dernier, prend toute sa force en perdant sa fonction d?abri et d?habitation et en affirmant le symbole abstrait qu?il est devenu. Malheureusement le Palais sera reconstruit avec la méticulosité internationale des "monuments historiques" qui les font tous se ressembler. Sans l?âme de celle, la Reine, qui l?a bâti. Le vide fait horreur dans un monde qui a soif de remplir le sens de matière opaque. Et au pied du Palais, le Grill du Rova deviendra un "fast food". Toujours ne pas chercher à comprendre, simplement regarder. Pourtant ici, tout est invisible et silencieux, même si on perçoit que le Monde y est en entier, même si les formes pleines ne dévoilent jamais ce qui est d?aujourd?hui ou d?hier, d?ici ou d?ailleurs. Madagascar est féroce pour elle-même comme pour les envahisseurs. Mais où sont aujourd?hui les envahisseurs ? Sont-ce ceux qui, dans les années 1970, ont fui leur pays et veulent revenir comme des bâtisseurs d?un monde nouveau ? Sont-ce ces bouts de culture et d?économie internationales, lavés de toute aspérité et de tout idéal qui pénètrent en flots dans les foyers et les villes ? Sont-ce ces photographies sensuelles et fabriquées, de pécheurs originels vendues dans les librairies européennes ? Sont-ce ces sons ruraux, « authentiques », de groupes musicaux déguisés de costumes traditionnels lors des tournées à l?étranger ? Ou, et, sont-ce les entrailles de la culture malgache qui malgré toute sa fierté, n?ont jamais eu de cesse d?être ouvertes à toutes les influences du monde et qui réinventent l?écriture, la danse et la musique d?aujourd?hui, sans autre fard que celui de la sincérité et de la nécessité ? CD Revue Noire à Tana Musique inédite de Kangasy, Ricky, Tata Rahely, Samoela Rasolofomiaina, Nannie Razafimbelo, Tiana, Sammy, Johnny, The Specialists, Troubadours. Seller Inventory # RN26 Madagascar
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