Extrait: ...en apparence, mais en vérité très intrigué de ce qui se passait, disposait la table auprès de la haute fenêtre à vitraux, Paul m'interrogeait sur ce que j'avais fait depuis notre séparation, s'intéressant à mes travaux et à mes succès. Je répondais de mon mieux, essayant de secouer le souci qui pesait sur moi et nuisait à la clarté de mon esprit. -Bah, fit-il, le bon vin te déliera la langue: car en vérité tu ne sembles pas dans ton équilibre ordinaire... Tu n'es pas malade, au moins? La chose devenait presque comique: c'était lui qui maintenant s'inquiétait de ma santé! Jean parfois me questionnait du regard, à la dérobée. M'eût-il interrogé tout haut que j'aurais été fort embarrassé de lui répondre, tant je me sentais troublé et hors d'état de formuler une appréciation quelconque. Paul était en parfaite liberté d'esprit, et, quand nous nous trouvâmes à table, l'un en face de l'autre, certes nul ne se fût imaginé qu'il existât entre nous un sujet de chagrin. Il me poussait à parler de moi: je crus deviner qu'il éloignait sciemment de l'entretien tout ce qui avait trait à lui-même. Il mangeait largement, intelligemment, dois-je ajouter, en homme qui tient à défendre sa santé et à conquérir des forces. Il buvait un vin un peu capiteux mais générateur d'énergie. Je n'étonnerai personne en disant que je songeais continuellement à la façon d'aborder la seule question qui me brûlât les lèvres. Je m'ingéniais à pressentir les motifs d'une insensibilité que je m'obstinais à croire apparente. Mais pourquoi cette dissimulation? Éprouvait-il quelque sotte honte à laisser transparaître ses véritables sentiments devant son serviteur? Jouait-il le stoïcisme pour moi? Quand le café fut servi, il adressa à Jean un signe expressif. Il voulait rester seul avec moi. Jean cligna de l'oeil à mon adresse: comme moi, il estimait que le moment des confidences, des franchises, était arrivé. Paul...
"synopsis" may belong to another edition of this title.