Extrait: ...sous une république, et il devait servir à une monarchie: si on l'eût fait trois ans plus tard, il serait parfait. Tel qu'il est, c'est encore un des plus beaux ouvrages sortis de la main des hommes. La paix avait été signée à Lunéville avec l'Autriche, et les meilleurs rapports étaient établis avec toutes les puissances continentales. Un seul ennemi restait, l'Angleterre: la paix avec cette puissance fut enfin signée à Amiens le 1er octobre. Dans toute la France on éprouva une grande joie, et le premier consul, en particulier, une plus grande encore. J'étais à un conseil chez lui, aux Tuileries, à l'instant où le courrier, porteur du traité signé, arriva. Le conseil interrompu, M. de Talleyrand nous en fit la lecture à l'instant même. Ce ne devait être qu'une courte trêve: il était dans l'intérêt comme dans les désirs du premier consul de la faire durer plus longtemps, et ce n'est certes pas lui qui l'a rompue. Il avait à satisfaire, avant tout, aux besoins intérieurs de la France, et c'est à ces travaux qu'il voulait consacrer cette époque de sa carrière. Peu après, il créa la Légion d'honneur. Il devança encore alors l'opinion dans cette circonstance: les hommes supérieurs reconnaissent, avant les autres, le véritable état de la société, ce qu'il exige, et savent hâter, par leurs efforts, l'arrivée du moment où chacun le voit également. Cette institution, devenue la cause d'une si vive émulation, destinée à inspirer de si généreux sentiments, à faire faire de si belles actions; cette institution, devenue si populaire, fut alors mal accueillie par l'opinion, et, pendant assez longtemps, un objet de critique et de censure. Une loi l'établit, et le Corps législatif, malgré sa composition et son habitude d'obéissance, ne la vota qu'à une faible majorité. Je fus un des orateurs du gouvernement chargés de présenter et de soutenir le projet de loi, et je prononçai un discours au Corps...
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