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In-4° broché, 46 pages. Iconographie somptueuse - - Suit la description du voyage de Loti de Yokohama au Rokumeikan, qui lui permet de jouer sur les contrastes entre le Japon traditionnel des ruelles sombres, des lanternes et des pousse-pousses et le Japon moderne des gares et de l'éclairage au gaz. Enfin, enfin, nous arrivons. A la file, nos chars passent sous un portique ancien dont la toiture se retrousse par les pointes, à la chinoise ; nous voici en pleine lumière, au milieu d'une sorte de fête vénitienne, au milieu d'un jardin prétentieux où d'innombrables bougies brûlent dans des ballons de papier sur des girandoles et, devant nous, se dresse le Rokou-Meïkan, très illuminé, ayant des cordons de gaz à chaque corniche, jetant des feux par chacune de ses fenêtres, éclairant comme une maison transparente. Eh bien, il n'est pas beau, le Rokou-Meïkan. Bâti à l'européenne, tout frais, tout blanc, tout neuf, il ressemble, mon Dieu, au casino d'une de nos villes de bains quelconque, et vraiment on pourrait se croire n'importe où, à Yeddo excepté. Loti est séduit par les femmes, épouses de dignitaires, qui l'accueillent, élégantes, bien coiffées et bien habillées à l'occidentale, mais il ne peut s'empêcher de finir sa description sur ces mots: Oh ! très bien, mesdames ; mes compliments sincères à toutes les trois ! très amusantes les attitudes, et très réussis les déguisements. Ces tentures contrastent avec la banalité des lanternes vénitiennes, de toutes les fanfreluches pendues au plafond, donnent le sentiment d'une Chine ou d'un Japon qui seraient en goguette, en fête de barrière. Il n'a pas de mots trop durs pour les femmes habillées à l'occidentale; il reconnait leurs efforts méritoires, mais simplement parce qu'elles sont asiatiques, ces vêtements ne leur vont pas. Au contraire, Loti vante les mérites des ambassadeurs chinois: Et puis ils font preuve de bon goût, ceux-ci, et de dignité, en conservant leur costume national, leur longue robe magnifiquement brochée et brodée, leur rude moustache retombante et leur queue. Loti critique aussi la manière de danser, trop automatique et pensée, des Japonaises. Il conclut pourtant, de façon assez hypocrite et en prétendant, non sans culot, vouloir se rendre utile et plaisant aux Japonais: En somme, une fête très gaie et très jolie, que ces Japonais nous ont offerte là avec beaucoup de bonne grâce. Si j'y ai souri de temps en temps, c'était sans malice. Quand je songe même que ces costumes, ces manières, ce cérémonial, ces danses, étaient des choses apprises, apprises très vite, apprises par ordre impérial et peut-être à contre-coeur, je me dis que ces gens sont de bien merveilleux imitateurs et une telle soirée me semble un des plus intéressants tours de force de ce peuple, unique pour les jongleries. Cela m'a amusé de noter, sans intention bien méchante, tous ces détails, que je garantis du reste fidèles comme ceux d'une photographie avant les retouches. Dans ce pays qui se transforme si prodigieusement vite, cela amusera peut-être aussi des Japonais eux-mêmes, quand quelques années auront passé, de retrouver écrite ici cette étape de leur évolution ; de lire ce que fut un bal décoré de chrysanthèmes et donné au Rokou-Meïkan pour l'anniversaire de la naissance de S.M. l'empereur Muts-Hito, en l'an de grâce 1886. Seller Inventory # JQD70137
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